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mercredi 20 juin 2012

Islamisme et théocratie
Comment gouverner sans éviter le totalitarisme religieux dans le monde arabe ?

Le 21 février 2012, Rached Ghannouchi, président du Parti Ennahdha, déclarait au journal algérien Al-Khabar « les salafistes me rappellent ma jeunesse, n’ayez donc crainte d’eux, ils nous annoncent une culture et ne menacent pas l’ordre général. »

Le monde arabe entame une révolution politique et culturelle depuis la chute des pouvoirs dictatoriaux qui a suivi la révolution tunisienne.
Mais tous les dictateurs de cet univers imprégné de religion et de fondamentalismes de toutes sortes,  ne sont pas encore partis. À la place de régimes démocratiques « laïques », on voit des États marqués par la présence, dans les gouvernements, d’Islamistes allant des plus « modérés » aux plus « fondamentalistes ». Il est ainsi clair que le passage de l’autoritarisme à la démocratie, telle qu’elle devrait être, ouverte sur les libertés individuelles d’expression, de croyance, de parité est encore un très long chemin à faire.

En Tunisie, un parti salafiste vient d’être autorisé sous le nom de « Parti  al-Islâh » Parti de la Réforme, dont le chef Mohamed Khoja a assuré à Reuters qu’il respecterait la démocratie et le caractère civil de l’État tunisien. Si les salafistes ont évité la provocation lors de la grande manifestation du 1er mai, dans l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis, ils n’ont pas pu s’empêcher de contester le refoulement, par les autorités tunisiennes, de Hassan Kattani et Omar El Hadouni, à l’aéroport Tunis Carthage, deux salafistes radicaux connus pour les attentats  du 16 mai 2003 à Casablanca qui ont tué 56 morts dont 12 kamikazes. Condamnés pour « endoctrinement des Islamistes », ils ont bénéficié d’une grâce royale depuis février dernier. On peut donc objecter de suite que si ces salafistes étaient prédisposés à agir dans le respect de la loi, de la démocratie et de la paix en évitant la violence contre ceux qui ne leur ressemblent pas, ils n’auraient jamais manifesté devant l’aéroport de Tunis. Je me demande donc si M. Hassan Kattani parle au nom de tous les salafistes de Tunisie ou uniquement en son nom propre.

L’arrivée du mouvement salafiste en tant que mouvement politique et son officialisation récente est un événement à ne pas négliger car il est non aléatoire. Il est le fruit de ce long rapport d’entraide que l’on a vu, dans les actes, depuis la chute de l’ancien pouvoir. Un rapport d’entraide, de collaboration sur le terrain, puisque les salafistes n’ont pas pu participer aux élections du 23 octobre 2011.

Étant les soldats d’Ennahdha sur le terrain ils agissent concrètement dans le sens  d’une soi-disant « réforme » d’esprit à purifier de son côté occidentaliste, de son arabisme laïque et de son universalisme humaniste et pacifiste. C’est pourtant l’esprit tunisien nourri de complexité culturelle.
Le nom qu’ils donnent au parti est plus que révélateur de leurs intentions dont on a vu et pesé les dangers par leurs différents actes de barbarie sur des civils innocents, des journalistes, des artistes et peintres et même sur la police. Ces dernières semaines ont vu des actes de terrorismes sur le terrain, que le parti Ennahdha et notamment sa tête pensante (Ghannouchi) se sont permis de justifier par des arguments qui ne tiennent pas.

Une main basse sur le pays, prépare activement les prochaines élections, celles qui seront officielles et qui vont réellement décider du sort des Tunisiens.

Aussi, le gouvernement actuel s’est attaché et acharné à distribuer des postes-clés aux seuls partisans d’Ennahdha et après avoir cousu leurs bouches, les blessés de la révolution menacent dans un des récents sit in de coudre aussi leurs yeux.  
En même temps qu’Ennahdha tisse sa toile de fond dans l’infrastructure politique, elle lâche les salafistes sur le peuple et les présente comme des Tunisiens fidèles à leur pays. Tout le monde a bien vu qu’ils n’ont aucune culture tunisienne, formés en Afghanistan et en Arabie Saoudite, ces jeunes sont déracinés de leur culture originelle et ont du mal à vivre dans leur propre pays avec leurs familles et plus généralement le peuple dont ils sont issus.

Cet avènement d’un parti salafiste se trouve être la réponse d’Ennahdha  aux élections estudiantines dans les Universités où ils se trouvèrent extrêmement minorés et du regroupement massif d’un bon nombre de démocrates autour d’un parti unificateur, initiative menée par Béji Caïed Essebsi.

Passé cette période de calme au cours de laquelle les Salafistes ont réussi à officialiser leur parti et à le faire reconnaître, on voit depuis trois ou quatre semaines une recrudescence des violences : attaque d’un poste de police à la ville de Jendouba avec des cocktails Molotov, des gros couteaux et certains avec des sabres ; attaque de vendeurs de boissons alcoolisées dans cette même ville, le même jour ; attaque des artistes[1]et des journalistes et télévisions à Tunis et récemment à la Marsa et Sousse, conflits dans des villes comme le Kef, prise de la ville de Sejnane à Bizerte par des salafistes qui mènent les autochtones par le bout du net en leur imposant la pratique des rituels religieux tels qu'ils l'entendent et j'en passe… L'enfer de ces gens ne fait que s'accroître et même la police ne peut rien faire pour eux. Les forces de l'ordre sont démunies de toute autorité, les pauvres habitants de la ville sans cesse menacés et violentés en cas de désobéissance. 
De son côté, Ennahdha, fidèle à son projet initial de museler les différentes instances du pays, licencie des juges pour les remplacer par d’autres de leur propre rang, place des gouverneurs dans toutes les communes et villes et commence à agir en toute légitimité pour lancer la prochaine campagne électorale[2], certains affirment même que ce sont les fond publics qui sont utilisés à cet effet !!

Lorsque certains ont a voté pour des intégristes religieux, ils ont cru avoir fait un cadeau au bon Dieu, mais qui en a profité ? C’est Ennahdha, dans une quête folle du pouvoir. Ce n’est pas le sort des jeunes chômeurs qui l’intéresse, ce fut un argument de force de sa dernière campagne en même temps qu’une conception théocratique du parti : étant islamiste, il a une légitimité divine. Étant majoritaire dans la Constitution, sa place est sacrée et on jouera sur le divin et le sacré pour culpabiliser les plus niais et les plus croyants. À l’aveuglement d’un parti dogmatique, tyrannique, s’ajoute celui de pauvres croyants dont l’objectif est le paradis au milieu des Houris.

Pauvre Tunisie ! Alors que ce petit pays pacifique fit vibrer le monde par un soulèvement sans précédent, brisant les chaînes d’une longue dictature qui a duré vingt-huit ans, il montre au monde entier son incapacité à concrétiser ses vœux de démocratie, de liberté, son attachement à l’humanisme depuis des millénaires.
Bien qu’une partie importante de la population formée d’intellectuels moderniste luttant contre l’obscurantisme, cette dernière force semble gagner du terrain avec beaucoup d’assurance[3] : on compte en effet plus de 80 ministres, 16 des 24 gouverneurs du pays sont du parti Ennahdha, sans compter les anciens du RCD qui ont été transformés pour servir le seul parti qui doit subsister malgré tout. Ennahdha est en train de perpétrer le chemin déjà suivi par l’ancien président et son régime, il agit de l’intérieur, aidé financièrement et politiquement de l’extérieur par le Qatar, encouragé par les États-Unis. C’est dans ce sens que l’on entend maintenant dire haut et fort que la politique d’Ennahdha et bien celle du RCD.

On ne comprend que très mal cet engouement pour les partis religieux dans le monde arabe. À l’heure où les peuples aspirent à plus de démocratie, certains se veulent porteurs d’une culture islamique toute autre avec des valeurs nouvelles fondamentalistes et prêchant  le renfermement dans le culte.

Le XXIème siècle est décidément un siècle religieux, comme l’avaient annoncé certains penseurs. Mais de là à voir que les plus fondamentalistes de l’Islam se servent à la fois des avancées techniques et de la religion comme une arme pour étouffer une révolution culturelle qui pourrait apporter richesse et profondeur à la pensée politique de l’Arabe en général. La religion devient ici un frein à l’épanouissement personnel des hommes et des femmes, un moteur de répression et une manière caduque de penser le monde.
Aussi, la religion ne peut plus embrasser la sphère politique, mais devra se suffire de la sphère personnelle. On ne peut continuer à perpétrer ces violences explicites qui caractérisent les dogmes. Violence contre la libre pensée, violence contre ceux qui ne veulent plus pratiquer ou croire, violence contre des innocents dont le seul souci est de vivre dans la paix, violence pour le seul plaisir de voir souffrir l’autre. Le suicide récent d’un cyber activiste  tunisien est un cri de désespoir dont beaucoup ignorent sans doute l’ampleur, dont beaucoup ignorent la souffrance psychique et intérieure qui l’a provoqué… Comment peut-on continuer à vivre avec une telle réalité ? Comment vivre avec les nouvelles règles du jeu salafiste et islamiste de façon générale ? Comment accepter l’indignité dans laquelle la Tunisie se trouve aujourd’hui, gouvernée par des hommes qui n’ont du pouvoir que le désir ? Comment peut-on permettre aujourd’hui que des partis religieux soient autorisés après les crimes commis contre la société tunisienne, contre les civils, les autorités policières qui n’ont même plus le droit de se défendre contre les violences commises à leur égard ?
La question posée dans cet article est donc rhétorique du fait de l’avènement évident et irrévocable du religieux en politique depuis les récents soulèvements dans le monde arabe. Ne sont là que les signes précurseurs d’un monde qui se prépare à sombrer dans l’obscurantisme ? En Tunisie, certains sont inquiets face à l’occupation sur le terrain politique de ces Islamistes, toutes tendances confondues, certains autres ayant déjà bien digéré le discours officiel des gouvernants actuels sont sûrs que ces salafistes barbus ne pourront jamais nuire à la société, étant de pauvres personnes, sujettes à toutes sortes de misères et dont une bonne partie a fait de la prison.

On pense que tout va bien… Est-ce que tout va bien ? L’avènement des Islamistes au pouvoir dans le monde arabe n’est pas un hasard de l’histoire, mais un projet préparé, travaillé, longuement échafaudé. Ce retour en force des religions est bien le signe du désespoir des Arabes musulmans dans un monde où tout va si vite et leur demande de changer de culture, d’évoluer et de vivre l’Histoire qui est en cours.
C’est aussi le rêve d’un retour au califat, comme cela a été annoncé par Jbali, le Premier Ministre tunisien pendant la campagne électorale d’octobre 2011.
C’est de même l’appropriation du pouvoir, après des années d’isolement, par un groupe islamiste qui a changé de nom comme on change de chemise afin de prendre des allures de parti religieux modéré. 
C’est le signe que le religieux travaille dans les méandres des sociétés arabes, dans leurs plis les plus secrets depuis des années et que le fruit de ce travail a si bien mûri : un Islam combattant et violent explose à la figure des plus modernistes, des plus démocrates et des plus laïques. 
C’est enfin un bon barrage à l’évolution du reste du monde arabe vers des régimes laïques, non monarchiques, plus démocratiques. L’Arabie Saoudite et le Qatar ont bien œuvré pour bloquer toute infiltration d’idéologies progressistes dans leurs univers respectifs marqués par le pétrodollar, la corruption et surtout la vieillesse des gouvernants qui n’ont plus rien à donner à leurs peuples, incapables de construire un nouvel humanisme.
La suite de cette décevante épopée qu’est celle du « printemps arabe » n’est pas sans nous réserver des surprises, le futur nous le dira. 







[1] Ce message a été posté su Facebook le 10 mai « DES SALAFISTES SONT VENUS À LA ABDELYA ACCOMPAGNÉS D'UN HUISSIER NOTAIRE ET D'UN AVOCAT ET ILS VONT INTENTER UN PROCÉS CONTRE ARTISTES ET GALÉRISTES. ILS ONT DONNÉ UN ULTIMATUM POUR QUE LES OEUVRES SOIENT DÉCROCHÉES LORS DE LEUR PROCHAINE VISITE À 18H ! TOUS À LA ABDELYA À PATIR DE 17H POUR DÉFENDRE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION OU LA LIBERTÉ TOUT COURT!""

lundi 18 juin 2012

Je viens de recevoir ce message de soutien aux artistes tunisiens. Je tiens à dire que l'avenir de la Tunisie ne tient qu'entre les mains de ceux qui veulent se battre, chacun par ses moyens propres, pour que les Lumières remplacent l'obscurantisme et le fanatisme qui déteignent le beau ciel bleu, ensoleillé de ce pays qui est un pont entre Orient et Occident, un peuple ouvert sur les cultures et sur le monde dans ses diversités, un peuple hospitalier et chaleureux, qu'est le peuple tunisien. Pour bien comprendre ce qui se passe, il ne faut pas être très intelligent, car l'obscurantisme est une dégénérescence de l'esprit. Le peuple tunisien a une histoire, une culture et un héritage indéfectible, ces gens-là, venus des prisons et de l'exil ne pourront jamais le transformer, s'il se tient fier fidèle à ses principes et à son identité. Signez cette pétition car c'est justement de l'art et de la culture qu'il est question, c'est du rêve et de l'humanisme que bâtissent les artiste, intellectuels et comédiens tunisiens. L'heure est à l'urgence.

"Je pense que vous avez suivi l’actualité tunisienne, ces derniers temps. En voici un bref récapitulatif :

Des agressions physiques à répétition à l’encontre des artistes et des intellectuels tunisiens ont été enregistrées dans différentes régions du pays (mars 2012 : une manifestation théâtrale réprimée par des milliers de Salafistes en plein centre ville de Tunis et des artistes agressés ; des intellectuels attaqués lors de l’organisation de conférence publiques ; mai 2012 : tentative de meurtre et agression physique très grave sur un professeur de théâtre et artiste, et les membres d’une association artistique au Kef…) tout ceci au vu et au su des forces de l’ordre et sans qu’une position sérieuse ne soit prise afin de protéger les artistes et de poursuivre les agresseurs !!!Du 1er au 10 juin dernier, s’est tenue à Tunis la 10ème édition du Printemps des Arts. Tout s’est parfaitement déroulé jusqu’au dernier jour où un huissier notaire a pris des photos de quelques œuvres exposées pour les exhiber dans une mosquée tenue par des extrémistes, affirmant qu’elles portaient atteinte au sacré. Des pages Facebook pro-islamistes ont alors réalisé un montage de quelques toiles jugées blasphématoires par eux (la caricature d’un barbu, une installation de bustes de femmes lapidées, des fourmis sortant du sac à dos d’un élève pour former la phrase « Gloire à Dieu », sachant que la fourmi est un insecte privilégié dans le Coran) et ajoutant des photos d’œuvres qui n’avaient jamais figuré au Printemps des Arts. 

A partir de là, c’est l’effet boule de neige : des fanatiques s’attaquent au Palais Abdelliya qui a abrité l’événement, détruisant et brûlant des œuvres d’art ; des appels au meurtre des artistes sont lancés ; des biens privés et publics sont incendiés ; des confrontations ont lieu entre extrémistes et policiers ; on déplore des dizaines de blessés et même un mort dans les rangs des fauteurs de troubles Salafistes… Au lieu d’apaiser les tensions et de rétablir la vérité au sujet des œuvres exposées, les membres du Gouvernement accusent les artistes d’attaquer les symboles de l’Islam. Nos gouvernants ne font ainsi qu’entretenir la confusion dans l’esprit du commun du peuple et participer à sa scission. 


Et pour couronner le tout, notre propre ministre de tutelle, M. Mehdi Mabrouk, ministre de la culture, a contribué à cette mise à l’index des créateurs et est allé encore plus loin en décidant de fermer l’espace Abdelliya et en portant plainte contre les organisateurs du Printemps des Arts, jetant ainsi en pâture les artistes à la vindicte populaire. Des responsables, comme l’Imam de la Zitouna, l’équivalent de la mosquée Al Azhar en Egypte (http://www.tuniscope.com/index.php/article/14137/actualites/tunisie/fdfdds-481415), ou de chefs de groupes Salafistes, appellent carrément au meurtre de nos artistes. 


Désormais, bon nombre d'artistes reçoit des menaces de mort tous les jours via les réseaux sociaux, appels téléphoniques et SMS.Le Syndicats des Artistes Plasticiens a annoncé dans sa conférence de presse qu’il portait plainte contre 3 ministres, dont celui de la Culture.Nous vous adressons cette lettre, chers collègues, amis des arts et de la liberté, afin que vous nous supportiez face à cette nouvelle Inquisition. Nous vous demandons de bien vouloir rédiger des communiqués exprimant votre solidarité aux artistes tunisiens.


Pour avoir un impact fort et efficace, ce communiqué doit être officiel et signé par un maximum de syndicats et d’associations des différents secteurs de l’Art (arts plastiques, cinéma, danse, théâtre, musique…)Une dénonciation internationale la plus vigoureuse possible qui pourrait être adressée à ce gouvernement et qui circulerait à travers la presse et le Net représenterait un désaveu extraordinaire qui obligera à préserver les libertés de conscience, de création, d'expression et la vie des artistes.La situation est gravement critique, votre soutien et votre engagement pour notre cause sera une action des plus salutaires.En vous remerciant à l’avance de votre soutien.Collectif tunisien pour l’art, la culture et les libertés
Moez Mrabet

Collectitunisien.acl@gmail.com"









dimanche 17 juin 2012

http://forets.greenpeace.fr/amazonie-dilma-rousseff-fait-dans-la-demi-mesure

dimanche 29 avril 2012

Conseil supérieur de l'islam au -dessus du pouvoir législatif tunisien 

Informations brèves:
Certains  s'étaient réjouis que la Charia ne soit pas reprise à l'article 1 de la Constitution tunisienne; ils se sont réjouis trop vite et Ennahda loin de déclarer forfait vient d'inventer un autre projet encore plus subtil: créer un Conseil national islamique au-desus du pouvoir législatif une sorte de guide spirituel de la révolution... Ceci ne vous fait pas penser à ce qui s'est passé en Iran qui s'est doté d'une institution proche avec Guide suprême . On voit bien qu'Ennahda n'en finit jamais  avec le pouvoir religieux Et dire que ce parti se faisait applaudir en France il ya quelque temps!!!!!  ''Les Tunisiens devront encore attendre. Ce pressentiment nous a été confirmé hier par la députée Karima Souid.
La célèbre constituante binationale du parti Ettakatol, connue pour sa sortie fracassante pour la défense du dialecte tunisien et de l’emploi du français dans ses interventions au sein de l’ANC, s’est exprimée en termes clairs. Aucune date n’est arrêtée à ce jour pour discuter du premier mot de la première ligne du premier article.
En revanche, nuance-t-elle, le président de l’Assemblée le dit et redit, nous faisons tout pour finir la rédaction de la Constitution avant la fin de l’année. Karima Souid précise encore : «Nous croyons savoir que la rédaction du préambule de la Constitution serait déjà prête»; la députée a employé le conditionnel.
Ainsi, si rien n’a été écrit à ce jour, si aucun calendrier n’est encore fixé, les discussions concernant le projet de loi de finances, les débats au sein des commissions concernant le choix du régime, présidentiel ou parlementaire, ou encore les auditions de certaines figures de la société, vont bon train, à l’instar de celle qui vient d’avoir lieu avec Néjiba Hamrouni, présidente du Syndicat des Journalistes Tunisiens.
Dans ce cas, vous êtes en mesure de nous dire, quels sont les points d’accord et de désaccord, demandons-nous. Et la députée de répondre: «Comme tout le monde le sait, il n’est plus question de l’application de la charia dans la constitution. En revanche, des voix prônent la création d’un conseil supérieur de l’islam qui se placerait au-dessus du législateur, des lois et des institutions, puisqu’il serait en droit de légiférer». Et à ce niveau selon la députée, se pose la question fondamentale : que veut-on faire de la Tunisie ?
«On est à la recherche du consensus, dit-elle, nous discutons au sein de la commission des instances constitutionnelles, notamment, des thèmes comme le pluralisme des médias, le contrôle de l’action des forces de l’ordre et de la sécurité et la séparation du politique et du religieux».
L’élue du peuple, militante comme elle se définit, précise que les fondamentaux au sein d’Ettakatol restent les mêmes, l’attachement à l’identité arabo-musulmane et parallèlement une aspiration indéfectible pour instaurer un État de droit, où règne le respect des libertés individuelles. «Nous défendons l’instauration d’un régime républicain civil», déclare-t-elle. Et sans ambages, elle cite Vincent Geisser, sociologue et politologue, spécialiste de l’Islam qui avait déclaré que la Tunisie ne peut pas passer d’une dictature imberbe à une dictature à barbe. «Le Conseil supérieur de l’Islam se charge d’organiser le champ religieux» 

dimanche 8 avril 2012


Tunisie : finalités d’un gouvernement théocratique


Depuis que le parti Ennahdha occupe le pouvoir provisoirement en Tunisie, la mise en place d’un système théocratique au gouvernement, dont les finalités tournent autour d’une autre islamisation du pays, prend de plus en plus de force. Une islamisation lente et progressive, inspirée, à contre courant, du concept, mais toujours sans les contenus, de la politique des étapes chère à Habib Bourguiba, celle-là même qui a permis la réforme de l’Esprit engagée par le fondateur de la Tunisie moderne, celle-là même qui, grâce aux Lumières dont Bourguiba s’était bien nourri, a placé l’Homme au centre des préoccupations du pays : l’éducation gratuite pour tous et toutes et la réforme du code du statut personnel de la femme.

Au vu des derniers événements, des grandes et violentes manifestations salafistes, que ce soit dans l’Université où récemment au Bardo, à l’Avenue Habib Bourguiba où des comédiens du théâtre de Tunis furent lapidés et violentés, la modération politique affichée par Ennahdha n’est qu’une façade.
On avait vu, dès le début, le travail sur le terrain des salafistes, autorisé et béni par Ghannouchi, lui-même salafiste, et ses acolytes, est une preuve que ces deux courants se tiennent sur une même perspective : le Djihad pour la cause de l’Islam. Leur politique perd tout son sens sans l’apport de l’Islam.

Dimanche 24 mars dernier, Les salafistes ont appelé à tuer les juifs, le ministre des affaires religieuses à assassiner Monsieur Béji Caied Essebsi à qui on a proposé de prendre en charge le pays après la révolution et qui prépara les élections du 23 octobre 2011. Il est parti du gouvernement pour laisser la place à ceux qui ont été élus. Il a récemment réuni dans un seul front une cinquantaine de partis démocrates autour d’un nouveau Parti  Destourien où Bourguiba symbolise l’unité populaire et l’inspirateur d’un combat pour les Lumières faisant ainsi front aux obscurantismes qui secouent le pays.

Le 7 avril dernier, des chômeurs diplômés, dans un élan de désespoir total face à ce qui se passe dans le gouvernement Ghannouchi, car c’est bien lui qui mène la danse, ont décidé de manifester pacifiquement[1]. La police et les gendarmes, envoyés par le Ministre de l’intérieur, lui aussi Nahdhaoui, ont violenté les manifestants par des coups et des gaz lacrymogènes. Une manifestation à l’occasion de la fête des martyrs, le 9 avril prochain, est prévue par tous les partis de l’opposition, dans toutes les Avenues Habib Bourguiba de toutes les villes de Tunisie, est annoncée ouvertement et le Ministre décide d’interdire toute manifestation ce jour-là et dans ces endroits précis portant le nom du combattant suprême, celui qui a lutté, malgré la souffrance et l’exil, malgré les tentatives de découragements et les menaces du colon, pour rendre la liberté à son pays. Il y est arrivé. Les avenues Habib Bourguiba prennent alors un symbolisme beaucoup plus profond : celui de la liberté, de la lutte contre les obscurantismes, pour le progrès infini de l’homme, pour une politique de l’homme et non contre lui.
Le 5 avril, deux jeunes tunisiens diplômés et au chômage, publient une BD caricaturale du prophète de l’Islam, ils sont écroués pour atteinte à la morale[2]. Où va-t-on ?
Au pouvoir, le nouveau premier Ministre issu d’Ennahdha, détient selon des sources sûres, une liste de 7000 nahdhaouis à mettre sur des postes politiques. Il est en train de nommer des gouverneurs du même parti dans plusieurs villes : à Zaghouan, le beau-frère de M. Dilou et à Nabeul récemment où même un agneau a été sacrifié, à l’entrée du gouvernorat. On prépare les alliés proches du parti pour les prochaines élections gouvernementales qui devraient avoir lieu aux environ du 24 octobre 2012. Les dates ne sont pas encore fixées et officialisées. On prépare peut-être aussi, comme l’ont signalés des partis démocrates tunisiens, un coup d’Etat constitutionnel. Une dictature avec tous les accessoires est progressivement mise en place. C’est cela la nouvelle démocratie dont aspirent les Tunisiens ? Permettez-moi d’en douter très fort.

On bouillonne de rage, le progrès infini et indéfini si cher à Habib Bourguiba prend encore et toujours une place de choix dans un pays comme la Tunisie.
Une véritable Politique de l’Homme est en germination dans un univers où les forces théocratiques tentent, dans des soubresauts désespérés, mais fermement et bien sérieusement, de développer leur projet hégémonique.  
« Les salafistes avaient plus peur de Ben Ali que de Dieu. C’est bien réel !! Si ce dernier revenait avec sa milice impitoyable, il les raserait tous d’un coup », disent certains sur Facebook. Ils ont malheureusement raison.

Le peuple a libéré le pays de cette dictature, permit à ceux qui furent opprimés d’arriver au pouvoir et à leurs amis salafistes de retourner au bercail après des années d’exil à l’étranger. Il a libéré d’autres des prisons. Ces religieux, sortis de l’oppression et de la torture, sont en train de faire subir, au peuple libérateur, leur violence, la même qu’ils ont subie, la barbarie, dont ils ont eux-mêmes été victimes et qu’ils ont acquise dans l’exil.
Les salafistes et autres religieux de leur trempe sont nourris de haine et de talion. Ils ne peuvent imaginer qu’en Tunisie on ne puisse être comme eux, qu’on refuse d’adhérer à leur plan, qu’il y ait des personnes athées en Tunisie, laïques, démocrates, assoiffées de tolérance et de liberté, ne demandant que le respect mutuel. La pensée tunisienne n’est pas une pensée islamiste, elle est douée d’intelligence car profondément complexe. Elle porte les empreintes de divers peuples et cultures qui ont traversé ses ports, qui s’y sont installés, qui se sont mélangés aux autochtones, qui ont donné non seulement de leur temps, mais aussi de leur sang, de leurs pensées, elles aussi complexes car nourries d’autres ports et pays qu’ils ont traversés avant d’arriver en Tunisie.

La Tunisie est une mosaïque de couleurs : si berbère, carthaginoise, si romaine, grecque et espagnole, si italienne, turque et française, si arabe, occidentale et orientale. Les Islamistes auront du pain sur la planche et ils le savent : ils sont incapables de changer des siècles d’héritage sculpté dans l’Esprit tunisien, inscrit sur son sol, gravé comme sur une pierre au plus profond de la mémoire de cette population toujours tunisienne. Il ne s’agit pas là d’un chauvinisme mesquin, c’est un universalisme qui inscrit la Tunisie parmi ces peuples intelligents qui ont toujours su être là, lorsque l’Histoire leur donna rendez-vous. Le passé du pays l’atteste en tout point de vue ! La capacité qu’a un Tunisien à s’intégrer là où il est, hormis dans un pays d’obscurantisme, est une preuve de son universalité. S’il devient obscurantiste, c’est parce qu’il a été trop longtemps en contact avec la barbarie, ce qui est d’ailleurs commun à l’humanité

Le danger d’un régime théocratique est celui du l’immobilisme, c'est-à-dire de la dictature sur le long terme. Concevoir un État immuable, sous un ornement démocratique, avec un parlement où les religieux, parce qu’ils ont plus de sièges que d’autres, font les lois, parce qu’ils se sont investis d’une cause religieuse, et les appliquent, les imposant au peuple dont elles n’émanent pourtant pas. Le modèle de l’AKP auquel se sont référés les chefs d’Ennahdha n’est désormais plus parfait et les dernières élections législatives ont permis d’équilibrer les forces politiques et pousser ainsi l’AKP à négocier au lieu d’imposer comme il le faisait avant. En Turquie, beaucoup d’intellectuels sont emprisonnés, des écrivains, journalistes, de libres penseurs qui tiennent tête au gouvernement islamiste toujours en place depuis douze ans. Comme tout gouvernement islamiste, comme tant de dictatures du Moyen-Orient et de l’Orient arabe, comme ces despotes de l’Afrique et du Maghreb, il s’arrangera toujours pour y rester le plus longtemps possible.
Au Mali, c’est Al-Qaeda qui mène le jeu, formée par Qaddafi, et on ignore le sort d’un peuple si pauvre, si miséreux..

La démocratie ne peut se construire dans l’Islamisme, il faut le dire haut et fort. Ces Islamistes tunisiens ont leurré le monde entier en prétendant la modération, une valeur dont ils ignorent le sens et la pratique. Ils se sont comparés à l’AKP turc alors qu’ils se révulsent dès qu’ils entendent le mot « laïcité ».
Passionnés et assoiffés de pouvoir, ils aspirent à mettre à genoux un pays libre et qui s’est donné les moyens les plus forts pour montrer au monde entier qu’il est capable de construire une démocratie sans contraintes religieuses.

Le rideau est tombé, la mascarade finie. La liberté est encore à trouver. La révolution est toujours en marche…






[1] Voir l’article suivant mais les liens sont difficile à coller à cause de la censure qui s’est mise en place sur l’Internet afin d’étouffer les mouvements de répressions qui se mettent en place depuis un moment

lundi 2 avril 2012

Tunisie : 7 ans de prison ferme et 1200 TND d’amende pour Athéisme ?! « To be good again

Tunisie : 7 ans de prison ferme et 1200 TND d’amende pour Athéisme ?! « To be good again

Al-Shater nomination seen to only benefit candidates of old regime

Al-Shater nomination seen to only benefit candidates of old regime

Le Tunisien : une dimension méditerranéenne qu’atteste la génétique



"Lorsqu’on lit l’histoire de la Tunisie, on se rend compte de la diversité de notre patrimoine culturel. Des successions d’invasions ont toutes laissées leurs traces sur notre pays, traces que l’on voit sur les ruines mais aussi dans notre mode de vie et même notre aspect physique. Nous sommes tunisiens et nous nous réclamons avec fierté d’un passé prestigieux, mais lorsqu’on se penche sur ce passé et que nous saisit le vertige devant l’immensité de notre histoire, immédiatement vient à l’esprit la question la plus importante qui soit : qui sommes-nous? Si vous posez la question à l’homme de la rue, il vous répondra sans hésitation : «je suis arabe», pourtant dans ce mélange de peuples, de civilisations issus de conquêtes multiples par des conquérants venus de la mer ou du désert, il est très difficile de savoir qui est finalement le Tunisien. La réponse vient de chercheurs qui ont étudié la génétique de la population tunisienne et leur recherche sur le chromosome «Y» a montré que la grande majorité de nos gènes, environ 60%, est berbère, de sorte qu’en fait, nous ne sommes arabes que dans une proportion de 20% seulement; quant au reste de nos gènes, c’est un mélange de romains, vandales, juifs, turcs, espagnols et français. Concernant cette dernière origine, l’étude a montré que nous sommes génétiquement plus proches des Français que ne le sont nos voisins Algériens et Marocains. Y aurait-il eu plus de mariages mixtes chez nous? Enfin, une deuxième étude, basée sur les microsatellites génomiques, a trouvé que la population qui nous ressemble le plus génétiquement serait aujourd’hui la population marocaine. Ainsi donc, voilà de quoi nous remettre dans le contexte historique et géographique, en sachant finalement que le Tunisien est un berbère arabisé avec plusieurs apports essentiellement d’origine européenne. De quoi consolider l’idée d’une dimension méditerranéenne dont la Tunisie se réclame volontiers".

Auteur : Dr M.A. BOUHADIBA: Consultant gynécologue

vendredi 23 mars 2012

Les généraux, les islamistes et la révolution égyptienne - Centre Tricontinental - CETRI

Les généraux, les islamistes et la révolution égyptienne - Centre Tricontinental - CETRI




Une amie en France vient de me tranférer une lettre dont le contenu en dit long sur les menaces que subit la Tunisie depuis l'arrivée des théocrates sur la scène politique et sociale. Je sais qu'une opposition s'est mise en place, mais il faut de la stratégie, descendre au niveau du peuple, aller vers les gens, faire du porte-à-porte, rencontrer les personnes en difficulté, leur demander soutien et les encourager, leur donner espoir en commençant à construire un projet de Politique de l'Homme, expliquer, expliquer et montrer les limites des politiques théocratiques et leur incpacité à gérer les problèmes qui miment la société et l'économie tunisiennes de l'intérieur, montrer leur irréalisme, leur unique désir de pouvoir et le projet hégémonique qu'ils sont en train de mettre en place. La pression doit être faite pour inciter le gouvernement provisoire à fixer les échéances pour les prochaines élections gouvernementales et légistlatives. Il n'y a plus de temps à perdre !!





"Bonjour

Nul besoin d'aller écouter les conférences pour savoir ce qui se passe en Tunisie. rien ne vaut le contact direct'' sans intermédiaire''

Ex 

a) graves incidents de l'Université de la Manouba( chère à mon cœur puisque j'y ai enseigné les sciences économiques il y a près de 25 ans): trois mois de protestation des salafistes pour imposer la niqab( alors qu'il ya moins de 100 étudiantes dans cette université ) Samedi dernier, la manif a dégénéré, les étudiants salfistes ont brulé le drapeau tunisien ( devant une foule médusée) et l'ont remplacé pendant plusieurs heures par le drapeau noir salafiste , symbole de l'obscurantisme et de la haine de l'Occident . Le Gouvernement n'a rien dit. Qui croyez_vous que le Ministre Ben Salem a critiqué? Non pas les salafistes, mais le Président de l'Université pour avoir pris la décision ( courageuse et éclairée) de bannir la burqa, et en lui reprochant d'être à l'origine du fiasco!!!!! . Les salafistes réclament toujours l'autorisation du port de la burqa dans toutes les Universités, celle de la Manouba y étant considérée comme l'Université phare. Si elle tombe, les autres tomberont demain. Au même moment à Gafsa , la plus importante Université de province, le même phénomène s'est reproduit et tous les étudiants anti-salafistes( qu'on appelle gauchistes en Tunisie maintenant!!!!) sont en grève et les facultés fermées dans cette ville 

b)- prêcheurs et imans étrangers : le gouvernement délivre sans difficulté des visas à tous les imans d'Arabie saoudite qui ont même le statut d'invités pour prêcher dans les grandes mosquées pendant une semaine et ils changent ensuite de mosquée. Les prêches contre l'Occident sont enflammées, et contre la France en particulier présentée comme Satan pour avoir conçu le concept de laïcité 

c)- barbes pour les jeunes Tunisiens qui entrent pour leurs vacances dans le pays: elle est '' oralement'' recommandée à l'arrivée dans leurs villes d'origine en province surtout par des '' comités d'accueil'' Les '' locaux'' l'ont pour la plupart 

d)- langue française: les émissions ( notamment sur le Canal national 7) y ont été volontairement réduites; secrètement il se murmure même que lentement on voudrait imposer l'anglais comme 1ère langue étrangère . Les cours publics en français diminuent sauf pour quelques instituts de la région de '' Tunis capitale'' . Pour apprendre le français il faut payer des cours privés Il ne restera pas grand chose de notre héritage culturel

f) - effectifs du parti Ennhada: pour parader à la 1ère place on n'a pas fait dans le détail: les militants ont pendant des mois parcouru les campagnes pour faire des dons ou cadeaux ( scolaires, médicaux etc...) dans toutes les familles pauvres ( la majorité du pays) mais ont exigé en retour de ces dons copie de la CI des bénéficiaires , lesquels ont été ainsi enrôlés malgré eux dans le parti. Conséquence: le parti a pu prétendre avoir 1 million d'adhérents avant ls élections. On sait de quelle monarchie pétrolière les fonds relatifs à ces dons pouvaient venir( idem pour le finacement de la campagne à l'américaine du parti avec écrans sur les places dans les villes) Ennhada ne pouvait pas perdre 

g) discours ambigu et impuissance tactique du parti à prendre des décisions sociétales, divisé entre dogmatistes et réalistes mais l'avantage est aux islamistes qui ne semblent pas être apeurés par le salafisme contrairement à ce qui se passe en Egypte où l'armée toute-puissante veille à toute compromission

C'est cela la Tunisie d'aujourd'hui. Il faudra de plus attendre la rentrée scolaire 2012 en octobre pour voir comment le matériel pédagogique a évolué. Dans certains lycées on a renoncé à aborder les thèses darwiniennes de l'évolution, trop contraires au Coran

Quant aux femmes, elles seront à coup sûr les perdantes mais il faudra voir de ''combien'', si on peut le mesurer . Le diable est dans le détail mais il faut savoir qu' Ennhada a des députées '' female'' qui prêchent pour une réorientation coraniste des droits de la femme. Présentées par des femmes ces orientations devraient mieux passer On a pensé à tout

Et pourtant il ya encore des citoyens formidables dans ce pays mais encore minoritaires et non structurés dans une absence totale de société civile ... Il manque cruellement d'ONG locales 



TOUT CECI N'ANNONCE RIEN DE BON MEME SI ENNHADA FINANCE DE PLUS EN PLUS DE COLLOQUES SPECIEUX EN FRANCE(AVEC L'ARGENT DE QUI VOUS SAVEZ) POUR ESSAYER DE MONTRER UN AUTRE VISAGE. DANS LES ANNEES 60 L'URSS FAISAIT DE MEME AVEC LE PCF....JE N'Y VAIS PLUS SACHANT D'AVANCE CE QUII Y EST DIT ET PAS DIT 

Quant à l'économie on en parlera une autre fois ais il n'est pas improbable que des flux migratoires nouveaux se produisent vu l'absence totale de croissance . Et l'Europe dans tout cela? Vaste programme Le salaire moyen est de 180€/ mois  

Bien à vous 

Pr JP E "

jeudi 15 mars 2012


Tunisie postrévolutionnaire
Le choc des cultures


À l’heure où se joue l’avenir démocratique du monde arabe, les aspirations tunisiennes et arabes de façon générale, sont de deux tendances : un penchant progressiste moderne, et un autre nourri d’une obsessionnelle régression avec le rêve d’un monde soumis à la religion. Laquelle va finalement triompher ? La position des Islamistes au pouvoir les met dans une situation fragile qui démontre d’ores et déjà leur incapacité à diriger des peuples épris de libertés et de démocratie, aspirant à recouvrir les Devoir Fondamentaux de l’Homme.

Nous assistons à un projet de transformation de la société tunisienne, étonnés, ahuris, scandalisés et choqués par ce qui se passe depuis l’arrivée des Islamistes sur la scène politique.

Pays moderne, considéré comme la Grèce de l’Afrique du nord, la Tunisie a, et demeure encore le fleuron des acquis fondamentaux quant aux droits de la femme, à l’éducation et à l’ouverture au monde. Aux confluents de l’Europe, de la méditerranée, de l’Orient et de l’Afrique, la Tunisie s’affiche, fidèle à son histoire, une mosaïque des civilisations, un monde où toutes les cultures s’y sont intégrées sans réticences aucunes, parce qu’elles y ont trouvé la chaleur du climat et des peuples qui l’ont habité. C’est mon pays.

Les Islamistes, toutes tendances confondues, sont des individus dogmatiques, leurs préoccupations majeures : changer les mentalités, opprimer et inférioriser les femmes, instituer la charia, créer une société selon les préceptes coraniques, participer à instaurer un VIème califat, projet d’envergure des régimes islamistes qui se mettent en place en Egypte, en Lybie, au Maroc, au Yémen et sans doute bientôt en Syrie et en Algérie. C’est la course vers l’obscurantisme à qui mieux mieux.

Que voit-on au jour le jour ?

Les quartiers sont investis de barbus pour la majorité incapables d’une réflexion sérieuse sur la réalité, passionnés par la vie et l’itinéraire d’un Prophète dont ils sacralisent l’apport et la pensée, aveuglés par leurs instincts primaires où la femme semble prendre une place de choix, vivant dans un univers où le passé islamique est à la fois leurs présent et futur. Tout se confond en un seul et unique versant. Aucune vision dialectique ou raisonnée de l’histoire, l’unique et perpétuelle histoire qu’ils connaissent est celle de l’Islam. Leur monde s’arrête et commence là, au VIème siècle de J-C, il va jusqu’à la déchéance des Arabes après la chute du Vème califat… leur monde est sans perspectives, immobilisé dans les rêveries d’un retour aux sources d’un Islam fort, belliqueux, illuminé et hégémonique. C’est un rêve de barbarie dont ils font l’exercice au quotidien contre les hommes et les femmes, contre la jeunesse qui aspire à un futur de modernisme, de laïcité, de démocratie, une voie vers un humanisme authentique où les dogmes religieux n’ayant plus de crédibilité, sont relégués à la sphère personnelle, dans les mosquées, loin de la vie citoyenne et même en rupture avec elle. Beaucoup d’entre eux sont revenus d’exil ou relâchés des prisons suite à la chute du régime de Ben Ali.

Les Islamistes pratiquent une politique complexe de répressions, régressions et obscurantismes. Ils profitent de la démocratie pour s’installer, mais contestent ses pratiques et valorisations, ses substance et réalisations. Bref, leur politique refuse d’admettre ceux qui sont différents, qui ne sont pas Islamistes, qui ne sont pas ou ne se reconnaissent plus dans l’Islam et ceux qui veulent que religion et politique soient séparés. C’est l’image des Rhinocéros courant sur la scène d’Ionesco, où se trame la critique de l’extrémisme fasciste, qui me revient à chaque fois que je réfléchis sur la politique des religieux. Pourquoi, me diriez-vous ? Je réponds d’abord  par une phrase: je les ai vus se transformer.

Je réponds ensuite plus longuement : la mutation culturelle est une idée inconnue chez les Islamistes. Ils ont une vision égocentrique de la culture et de la civilisation arabes. Tout en reconnaissant les autres religions du Livre, ils sont convaincus que l’Islam en est l’apogée, et même une version parfaite du monothéisme. Lorsqu’on lit la Bible, notamment l’Ancien Testament, après avoir bien lu et bien connu le Coran, on se rend compte de l’intertextualité qui relie les deux Livres. La réponse est facile : l’Arabie du VIème siècle comptait beaucoup de tribus chrétiennes et des communautés hébraïques où même certains camarades de Mahomet ont appris à lire et à écrire l’hébreux et l’araméen, langues dominantes à l’époque, l’arabe n’ayant encore aucun système codé et formant des dialectes divers. Ce sont les poètes préislamiques, à travers une tradition orale longue de plusieurs siècles, qui ont déclenché et développé la promotion de la langue arabe. Et il est assez visible, lorsqu’on a découvert toute cette tradition, que même si le Coran est la première prose poétique arabe, il s’inspire largement de la poésie préislamique qui l’a nourri tout autant que les textes religieux hébraïques et chrétiens. Il ne s’agit là d’aucune infériorisation du texte coranique, au contraire, cette brève démonstration vise à le remettre dans son contexte originel et à en montrer la richesse à la fois culturelle, littéraire et historique. Quant à la question de savoir pourquoi le Coran est en versets et pas en vers, cela est facile, je pense, il s’inspire dans sa forme prosaïque de l’Ancien Testament qui est lui aussi en versets. Le Coran ne devait pas se confondre avec la poésie, même les aèdes Quraychites qui ont classé Mahomet parmi les poètes furent massacrés à une époque, pourtant elle y est présente avec force.

On voit donc, contrairement à la vision immuable de l’histoire que proposent les Islamistes, toutes tendances confondues, que les religions ne sont pas le produit d’un esprit statique, mais en mouvement, en changement perpétuel. L’Histoire ne peut pas être ignorée dans le but de servir les ambitions politiques de religieux chevronnés dont le regard, au lieu de se poser sur les hommes qui la font, est constamment dirigé vers le ciel, à la recherche de quelque miracle qui nous tomberait sur la tête pour améliorer nos vies.

Pire encore, nos vies, si elles ne s’améliorent pas, ou peu, ou même jamais, elles ne comptent pas, c’est la vie après la mort qui est meilleure… La vie sur terre est un passage qui même dans la misère, ne doit pas être méconnue, remise en question, nourrie de nos révoltes et nos mécontentements. Elle doit se suffire à elle-même et on doit s’y résigner. Dans une sorte de cercle vicieux, les Islamiques veulent emprisonner les sociétés arabes qui se réveillent enfin, parce qu’elles répugnent et refusent la dictature, toutes les dictatures désuètes, la résignation, toutes les résignations aveugles, le dogme, tous les dogmes précuits.

La transcendance absolue qui est apparue avec la sémiticité, une des matières fondamentales à côté de la sacralité et de la médiévalité du monothéisme, mettant l’homme en position de faiblesse et de crainte, de fascination et d’obéissance absolues à un Dieu justicier et centre-souverain du monde, ne peut plus fonctionner aujourd’hui en politique et même dans la pensée humaine de façon générale. La souveraineté en politique relève de la monarchie absolue, or les Islamistes viennent s’installer au pouvoir dans des systèmes républicains qu’ils souhaitent transformer en tyrannie nouvelles. Ces républiques veulent acquérir leurs droits les plus fondamentaux et fonder un système juste et cohérent avec les réalités du monde actuel.

C’est là que l’on voit clairement la stratégie politique islamiste, fondée non une pragmatique du monde, mais sur une transcendance : l’homme et le monde se trouvent dans une réalité qui ne se définit que comme étant le signe de la réalité divine indivisible et souveraine. Le projet islamiste est donc hégémonique et il ne peut pas en être autrement. Pour ceux qui continuent à prôner un Islam modéré, je dirai qu’aucune religion n’est modérée, car la religion est Passion et la modération ne vient que de la Raison.

À ceux qui veulent définitivement tourner cette page islamiste, je dirai qu’il est fondamental de reléguer les religions à l’espace personnel en les séparant de la vie citoyenne et de la politique.
Il est temps de fonder une éthique nouvelle où l’Homme aura enfin sa place dans l’Univers.