Paru dans le numéro 1 de Synergies Méditerranée (2011)
Synergies Monde Arabe est une revue qui illustre avec force sa dimension francophone. Attachée au GERFLINT et à l’Université de Traductologie du Roi Séoud, elle est géographiquement et culturellement située aux confluents de l’Orient et de l’Occident. Aujourd’hui, elle est indexée à l’Index Islamicus-Brill de la School of Oriental and African Studies à Londres. Des exemplaires des 6 premiers numéros sont déjà indexés et inscrits dans la Bibliothèque de la SOAS ainsi que dans celle de l’Université de Cambridge.
N’ayant été rédactrice en chef adjointe aux côtés d’Ibrahim al-Balawi que depuis avril 2007, je pourrai néanmoins affirmer que mon travail, dans la revue, a été de l’amener progressivement à renforcer les liens, entre deux mondes souvent en conflits, par l’intermédiaire de la Francophonie qui est, notamment, un objet important dans mes recherches en Sciences du Langage.
La langue française est ici comme le lien qui unit ces deux univers dans un élan de partage. Les numéros 4, 5 et 6 s’inscrivent ainsi dans les objets d’enseignement de l’Université de Traductologie du Roi Séoud en Arabie Saoudite, à savoir, la traduction d’œuvres littéraires, linguistiques, philosophiques etc.
Mais, bien que la majorité des articles publiés soit en langue française, les deux derniers numéros ont intégré des contributions en anglais afin de donner à la revue une dimension plus universelle, ouverte sur une autre langue-culture. L’association de ces trois langues est en fait une véritable richesse pour la revue, montrant ainsi que le GERFLINT n’est pas une institution renfermée sur elle-même. En effet, d’autres revues publient en anglais, en espagnol ou en italien, selon les contributions présentées. Il n’y a pas d’exclusive linguistique.
Le Moyen-Orient étant un espace où l’usage de la langue anglaise est plus fréquent, le français infiltre son univers car, de tout temps, des chercheurs français se sont intéressés à son héritage culturel, politique, littéraire, philosophique et artistique. C’est dans ce cadre que les numéros 5 et 6 ont été consacrés à l’héritage classique de la littérature arabe : le numéro 5 aux Mu‘allaqât et autres poèmes préislamiques, autour des traductions de Pierre Larcher, le 6 aux Recherches francophones dans le récit arabe classique. Le 5 rend hommage aux récentes traductions de Pierre Larcher, professeur à l’Université d’Aix-en-Provence et directeur de recherches à l’Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM). Le numéro 6 propose un recueil d’articles sur le récit arabe classique tel qu’il a été traduit et étudié par des francophones natifs et non natifs en France et partout dans le monde. Il rend hommage à André Miquel du Collège de France, un grand pilier dans la traduction contemporaine de la littérature arabe classique et moderne. Ce numéro, coordonné avec Antonella Ghersetti de l’Université Ca’ Foscari de Venise, permet de percevoir cette diversité que vise de plus en plus la revue dans le cadre de la Francophonie.
Enfin, le numéro 7, qui est en cours, s’intitule Essais de Linguistique arabe et invite des chercheurs, en France, en Europe et au Moyen-Orient à une réflexion sur le système de la langue arabe dans sa diversité. Il renoue ainsi avec le numéro 3 de la revue portant sur l’arabe tunisien, ouvrage écrit par M. Mansour Sayah, Maître de Conférences HDR de l’Université de Toulouse le Mirail 2.
Ces numéros sillonnent un espace plus large et illustrent plus clairement les liens indéfectibles entre Orient et Occident. Au-delà de leur ambition scientifique, ils permettent de tisser plus d’amitié et de trouver des convergences au-delà des divergences, ce qui me semble être aujourd’hui une tâche de plus en plus difficile à accomplir. Cette vision qui transparaît me permet d’inclure finalement la revue dans une dimension méditerranéenne et ouvre un espace plus large. La Méditerranée est en effet un lieu où l’Orient et l’Occident se sont fréquemment donné rendez-vous par des liens de commerce, des échanges culturels, politiques et scientifiques.
Née moi-même sur une des rives de la Méditerranée, je trouve ces tissages fort intéressants car je les incarne aussi dans ma propre vision des choses. Une vision où les cultures se retrouvent, se mêlent les unes aux autres sans préjugés. Il naît de cela une nouvelle culture qui se nourrit de tout ce mélange sans aucune gêne car elle est tout cela en même temps.
La revue Synergies Monde Arabe est un espace où je peux finalement donner l’essentiel de moi-même, car j’y retrouve cet équilibre, entre Méditerranée, Moyen-Orient et Occident, qui m’a nourrie et formée. Je pense qu’il est à l’image de ce qu’est le GERFLINT, une communauté de Rédacteur en Chef de part le monde, que lie l’amitié et la recherche scientifique.
Je tiens enfin à rendre hommage à mon professeur Jacques Cortès, Président de ce groupe, qui m’a permis d’en faire partie, et à le remercier chaleureusement de sa confiance et de son amitié.
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